La préservation et la gestion durable des zones humides sont définies comme étant d'intérêt général !
(article L. 211-1 du Code de l'environnement). À partir de ce constat il est simple de déduire qu'il faut soigner et entretenir l'existant, voire réhabiliter ce qui a été détourné par les usages humains.
Qu'est-ce qu'une zone humide ?
Il s'agit d'un secteur où l'eau est le principal vecteur de fonctionnement. Les zones humides sont « des terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ».
Quelles sont-elles ?
• les sources avec leur proche bassin de sortie à l'air libre,
• les prairies dites « mouillées »,
• les secteurs inondables,
• les mares, les marais, les lacs, collinaires ou non, artificiels ou non,
• les fossés, les canaux, les cours d'eau, les rives, boisées ou non,
• les zones côtières tant que l'épaisseur d'eau ne dépasse pas six mètres.
En résumé, partout où l'eau stagne ou transite plus ou moins rapidement, partout où elle permet l'installation d'animaux et de végétaux nécessitant une ambiance humide pour vivre, se développer et se reproduire.
Quel est leurs intérêts ?
En priorité, elles permettent tout un écosystème végétal, animal et minéral. Elles abritent une flore et une faune exclusives. Elles créent et transportent sédiments et sables.
Elles alimentent nappes phréatiques et sources en aval jusqu'à de très grandes distances.
Elles agissent sur le climat notamment en régulant les températures locales.
Quel est l'état des lieux ?
De nombreuses zones humides s'amenuisent ou disparaissent pour de nombreuses raisons (liste non exhaustive) :
• étanchéification des sols :
◦ urbanisation galopante,
◦ extension des zones industrielles et commerciales,
◦ réseaux et aménagements routiers, aéroports,
• surexploitation de la ressource :
◦ les mises en cultures nécessitant beaucoup d'arrosages comme le maïs, les peupliers…
◦ les forages, les prélèvements anarchiques des particuliers,
◦ les aménagements touristiques,
• etc.
Le bilan n'est pas brillant. Les chiffres officiels indiquent que 85 % de ZH ont disparu au cours des deux derniers siècles. Ce constat est dramatique, y compris pour l'humanité. Son influence sur le réchauffement climatique se pose en chef de file.
Que peut-on faire, nous, à notre niveau ?
Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Cela veut dire que si au niveau mondial, les dés sont entre les mains de nos dirigeants, au niveau local, les petits gestes de chacun s'additionnent et impactent la globalité. Là aussi, la liste est non exhaustive :
• À l'échelle de notre commune, nous pouvons :
◦ limiter la profondeur des fossés qui assèchent les couches supérieures,
◦ restaurer les « potes », qui ralentissent le transit de l'eau en cas de fortes précipitations, et alimentent les couches profondes,
• À l'échelle de notre village :
◦ à propos d'un sujet d'actualité, le réseau d'écoulement des eaux pluviales se doit d'être totalement indépendant pour éviter un maximum de souillures.
◦ Ce réseau ne doit pas constituer un vaste entonnoir qui va collecter les précipitations, augmenter leur capacité mécanique et ainsi favoriser les risques d'inondations et d'érosion. Il doit être autant fragmenté que possible.
◦ Il doit déboucher sur des champs d'épandage, des mares poreuses, des collecteurs filtrants
qui ralentiront les écoulements. L'eau a besoin de temps pour assurer ses tâches !
• À l'échelle individuelle :
◦ La récupération des gouttières réduit les prélèvements sur les nappes et les ruisseaux.
◦ La consommation parcimonieuse de la ressource limite le stress estival et contribue au partage de la ressource artificialisée.
Quelques considérations :
• Un sol sec est un sol étanche. Lors d'une grosse pluie d'orage, l'eau a du mal à pénétrer le sol et peut donc ruisseler très facilement en entraînant sable, poussière, brindilles, autant de composants qui iront s'accumuler dans les fossés et gêner l'écoulement au niveau des grilles.
• Un sol gorgé d'eau est un sol étanche. L'eau ne peut plus pénétrer et commence à s'étaler avant de monter puis de s'écouler. En plus des mêmes effets que ci-dessus, cela tasse les sols.
• Si l'eau de surface peut atteindre (chez nous) les 25 degrés, à 5 mètres de profondeur elle peut avoir déjà perdu plusieurs degrés. Ces différences de températures (>1°/m) créent une sorte de thermocline, appelé métalimnion pour les eaux douces, qui consiste en une baisse rapide de la température de l'eau avec l'augmentation de la profondeur, ainsi que d'une inversion des températures. Plus chaude en hiver, plus fraîche en été qu'en surface (cf
Aquaportail).
• La redistribution estivale de l'eau des couches profondes des lacs artificiels, en plus de réduire le stress hydrique dû au réchauffement climatique, limite la montée en température des eaux estivales.
• Notre influence sur le réchauffement climatique se constate aisément : les pluies se regroupent de plus en plus et génèrent des saisons sèches et humides de plus en plus marquées.
• La planète a déjà connu des réchauffements et refroidissements importants. Là où intervient l'influence humaine, c'est dans la rapidité des phénomènes.
Rédigé par Gérard B.
Parution dans le bulletin n° 59, septembre 2021